Un besoin d'être seul... presque • Jillian

e venais de terminer mon service, j'avais bossé jusqu'à 15h et mon patron a trouvé bon de me renvoyer chez moi. Ce n'est pas de bon coeur que je rentrais. Pour commencer j'avais besoin d'argent donc partir plus tôt du travail c'est être payé moins, ensuite j'avais laissé ma seule raison de rentrer à une amie. En bref je n'avais aucunes envies, aucuns besoin ni aucunes raisons de retourner au squat où je logeais en ce moment. En parlant de ça c'est quelque chose que je devrais changer. J'aimerais que mon contrat d'un ans se change en contrat à durée indéterminée, que je puisse être sûr d'un revenu mensuel et pouvoir vivre comme il faut en m'achetant un appartement, même si ce n'est qu'une location. Il y a tellement de choses qu'il faut que je change dans ma vie, que j'améliore.
C'est en marchant dans les rues que je pensais à tout ça, plongé dans mes pensées et les yeux dans le vague. Dans cet état de mi-présence je me faufilais entre les touristes et les new-yorkais pur et dur. Les mains dans les poches de ma veste en cuir, j'avançais vers le pont qui reliait le Bronx à un autre quartier de New York. Je m'arrêtais un instant sur le bord de la rive, je m'assis sur le muret en béton et continuait ma réflexion en soupirant. Soupir de déception ? En quelques sortes oui, un peu d'exaspération aussi.
Je ne savais pas quoi faire, je ne voulais vraiment pas rentrer et en même temps je n'avais pas trop envie de rester à l'extérieur aujourd'hui. Ils annonçaient de la pluie et le temps était très rafraîchit. Je sorti mon téléphone de ma poche, un luxe que j'avais du mal à me payer, j'avais donc encore un portable vieux de quatre ans. Cet appareil datait de mes dernières années à l'orphelinat, enfin il marchait et je pouvais envoyer des sms et téléphoner c'était donc le principal.

es problèmes tout le monde en a, tout le monde en aura encore plus tard et c'est un cercle vicieux. Je pense au fond que personne ne pourra vivre sans ça, c'est un moteur essentiel à notre vie. C'est emmerdant je le confirme, mais dans tous les cas il y en aura et ce n'est pas près de s'arrêter. J'étais donc là, assis sur mon pauvre muret en béton fissuré de partout et tagué de tout son long. Mon regard penché sur mon vieux téléphone portable qui menaçait lui aussi de rendre l'âme par son allure.
Une voix familière me fis sortir de mes songes et je rangeais l'objet qui m'hypnotisait depuis quelques minutes et tournais la tête en direction de la personne. Un léger rictus se forma lorsque je vis Jillian, une collègue avec qui je m'entendais bien. Je ne sais pas si je pouvais la considérer comme ma supérieur mais elle m'avait appris toutes les bases du métier de A à Z sans faux pas. Elle était douée dans son domaine et j'étais heureux d'être tombé sur une personne comme elle. A sa question je ne savais pas vraiment quoi répondre, mais après réflexion :

« Salut Jillian, ça va bien oui. Enfin avec franchise j'ai connu des moments meilleurs, comme tout le monde. Ca va toi ? »

Je jetais un regard rapide sur sa tenue, je ne pu m'empêcher de rire intérieurement. Elle avait du répondre un problème urgent si elle était sorti comme ça, cachant à peine son jogging de son gilet.

« Je suppose que tu ne vas pas travailler dans cette tenue »

vec elle je ne sais pas, je pouvais être moi-même. Ce n'était pas souvent que ça arrivait alors autant dire que ça me faisait du bien. Mais savoir pourquoi avec elle et pas avec les autres c'est une autre question, peut être le fait qu'elle m'ai appris mon boulot -un grand pas en avant pour moi et ma vie-. C'est aussi pour ça que je pouvais lui parler, je me sentait en confiance et ça déliait ma langue.
« On est mal barré alors, ce temps est déprimant. »
Un sourire vint s'installer sur mes lèvres, je dois avouer qu'un jogging sur une fille aussi jolie ça me sautait à l'oeil tout de suite. Je replongeais mes mains dans mes poches encore tempéré et m'apprêtais à lui répondre lorsqu'elle fut prise d'une illumination et me proposa d'aller passer le temps avec elle. En mode glandouille. Qu'est ce que j'avais à perdre ? J'allais rien faire de toute façon, pas avant dix-neuf heure, j'avais tout le temps devant moi. Et si quelque chose pouvait m'éloigner au possible du squat c'était parfait, je sautais sur l'occasion.
« Je ne suis pas très thé mais je veux bien t'accompagner. Ça nous feras une occasion de se connaître hors boulot, même si tu connais déjà mon caractère de merde. »
Je me permis un petit rire. J'étais impulsif -surement mes racines italiennes- et au bar j'avais tendance à virer le premier con qui me faisait chier sans peur de représailles.