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 Le parfum des souvenirs

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Anabella L. Blake
Anabella L. Blake

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MessageSujet: Le parfum des souvenirs    Le parfum des souvenirs  EmptyDim 03 Avr 2016, 01:53


J’avais été incapable de réagir sur le coup. Quand mon prénom s’était échappé des lèvres de Luka, j’avais été prise de court. Je m’étais présenté comme Ana mais c’est à Anabella qu’il avait dit au revoir. Alors que Luka avait quitté le café, j’avais passé mon temps à fixer la part de gâteau offerte par Joe en me rejouant toute notre conversation depuis le début. Avais-je pu me trahir ? Est-ce que mon prénom avait été écrit sur un gobelet ? Est-ce que Joe m’avait appelée par mon prénom ? Non. Plus je déroulais le fil des évènements et plus j’étais convaincue que si Luka connaissait mon prénom et non son diminutif, c’est que contrairement à moi qui ne me souvenais pas de lui, lui me connaissait. Le temps que je réalise, il était trop tard pour lui courir après, le rattraper et demander des explications.


Depuis ce jour-là, je n’avais pas arrêté d’y penser. Encore et encore. Quand je ne travaillais pas au zoo et que je venais rendre visite aux patients du service des comateux, je me hasardais à traîner près de l’hôpital dans l’espoir d’y croiser le grand Croate a la voix familière mais au visage inconnu. En vain.
J’avais envisagé d’interroger des médecins du service où je venais mais cela manquait de discrétion et je n’avais pas envie qu’on me regarde encore plus bizarrement que maintenant. Ma démarche n’était pas toujours très bien acceptée par les médecins qui avaient pour certains, beaucoup de mal à croire à mon histoire de conscience pendant le coma. Mais les familles elles, se raccrochaient beaucoup à ce que je pouvais leur dire même si je ne promettais jamais que leur proche se réveillerai ni qu’ils pouvaient les entendre. J’apportais seulement mon expérience.

Ce jour-là, j’avais fini mes petites visites et après avoir pris un thé au distributeur le plus proche, je m’étais installée sur l’un des bancs à disposition des visiteurs. Mina, la femme de ménage qui m’avait tenue compagnie sans le savoir pendant mes mois de coma finissait elle aussi sa tournée. Tapotant le banc à côté de moi, je me levais pour aller lui chercher un thé que je lui ramenais. « Merci ma chérie. » Mina, c’était un peu comme une seconde maman. Un véritable ange gardien.
« Tu as l’air préoccupée… » « Disons que quelque chose m’intrigue depuis plusieurs jours et que je n’arrive pas à y voir clair. » « Tu veux en parler ? » Je marquais un temps de silence avant de lancer un regard à Mina.
« Il y avait un homme l’autre jour, au café en face. J’étais derrière lui dans la file d’attente et puis quand il a passé commande, j’ai reconnu sa voix. Mina. Je l’ai reconnue. C’était physique, je le ressentais au fond de moi. Je connaissais cette voix. Sauf que je n’arrivais pas à y associer un visage. Quand il s’est retourné, j’ai espéré que le déclic se ferait mais je ne le connaissais pas. » Mina me regardait, sérieuse, mais au moins dans son regard, je ne voyais pas la lueur qui me laissait comprendre que j’avais l’air d’une folle. « Tu n’as pas pu le croiser avant et l’oublier ? » Je niais d’un signe de tête. « Alors j’ai fais exprès de renverser son café pour pouvoir échanger quelques mots avec lui. » Cette fois Mina éclatait de rire avant de me regarder avec son air de faux reproches. « Tu n’as peur de rien toi !  Bon et alors, tu lui as parlé à cet homme ? » Cette fois j’acquiesçais d’un signe de tête et lui racontais notre entrevue. Je pouvais lui confier tout ce que j’avais ressenti jusqu’au moment clé qui faisait que je ne pouvais pas reprendre mon train train quotidien sans chercher à retrouver Luka. « Il connaissait ton prénom alors ? Peut être qu’il connaissait ton cas mais qu’il n’a pas voulu se mêler de ce qu’il ne le regardait plus ? » Je n’étais pas vraiment convaincue par les explications de la femme de ménage. Face à mon désarroi, elle se montrait plus curieuse et semblait décidée à essayer de m’aider. « Tu sais, j’en croise des médecins ici, si ça se trouve je le connais. On ne sait jamais. A quoi il ressemble ? » J’entreprenais une description de Luka. Plus je donnais des détails sur sa taille la couleur de ses cheveux et de ses yeux, plus Mina faisait la moue. Il faut dire que des grands bruns ça n’était pas vraiment rare. « Je ne sais pas si je dois m’y fier mais il a dit s’appeler Luka. Par contre il avait un accent. Il est croate. » J’aurais sans doute du commencer par là car le visage de Mina prit un drôle d’air et avec un sourire elle posa sa main sur ma joue. « Je sais qui est cet homme et je pense savoir pourquoi tu le connais sans le connaître… »

Mina m’avait raconté mes mois de coma. Elle avait cru comprendre qu’au début Luka n’était que le médecin qui s’était occupé de moi à mon arrivée aux urgences après l’accident. Mais il avait continué à venir souvent. « Il entrait, jetais un regard à ton dossier et s’installais à côté de ton lit. Parfois je changeais l’ordre de ma tournée pour le laisser tranquille. J’ai parfois entendu qu’il te parlait et parfois, quand je te croyais seule, j’entrais et il était en train de dormir dans le fauteuil, entre deux gardes. » Plus Mina avait évoqué la présence de Luka à mon chevet, plus j’avais envie de me souvenir de tout ça. Si je me souvenais de certains bruits, de certaines conversations anodines, si je me souvenais de la façon dont j’avais été quittée, j’avais sans doute entendu Luka plus d’une fois lorsqu’il me parlait. Il fallait que ces souvenirs reviennent. J’en mourrais d’envie. Mais au moins, le puzzle prenait forme.

Le soir même, connaissant au moins le service dans lequel travaillait Luka, j’étais passée par les urgences. Abby m’avait reconnue et j’en avais profité pour lui demander si Luka était là. C’était son jour de repos, mais elle lui dirait que j’étais passée.
Le surlendemain, j’étais passée mais Luka avait eu peu de temps à me consacrer. Nous avions échangé quelques mots mais je n’avais pas pu l’interroger. Je ne sais pas s’il avait vraiment un cas à voir de toute urgence ou s’il avait senti les questions arriver mais il avait du s’éclipser.
J’avais l’impression de jouer au jeu du chat et de la souris avec le beau croate. Il ne m’envoyait jamais promener mais prenait soin de ne jamais laisser une ambiance propice aux questions s’installer et je finissais toujours par me retrouver seule avec mes questions. Je ne venais pas tous les jours, je n’étais pas devenue une harceleuse mais assez régulièrement quand même. Et puis j’avais baissé les bras et arrêté de venir. Si Luka ne voulait pas m’aider à me souvenir, j’allais devoir me débrouiller toute seule.

Les semaines étaient passées et j’avais espacé mes passages aux urgences. Un jour, bravant les interdictions, j’étais entrée dans la chambre où j’avais été hospitalisée de long mois. Personne n’y étais actuellement et je m’étais installée sur le lit. Pour des raisons évidentes, je n’aurais jamais du me trouver là, pour ne pas contaminer les lieux entre autre mais à fixer le plafond allongée sur le lit, j’espérais un déclic. J’avais fermé les yeux, fait raisonner la voix de Luka, les bouts de phrases échangés dans nos récentes conversation. Mais c’était le noir total.

Jusqu’à ce qu’un après-midi, en pleine séance shopping je me retrouve dans une parfumerie à suivre une de mes amies. Alors qu’elle cherchait le parfum idéal pour son petit-ami, je jouais les cobayes à respirer les bandelettes de papier imbibées de parfum. Jusqu’à ce qu’un parfum ne me cloue sur place. C’était le parfum de Luka. Mais je ne l’avais pas reconnu de la fois où nous avions pris un café ensemble, ni de toutes nos entrevues rapides dans son service. Non, cette odeur me ramenait dans ma prison qu’avait été mon corps. Un premier souvenir de Luka qui me poussait à parfumer mon foulard du parfum en question sous le regard perdu de mon amie. J’avais balayé ses questions et passé la journée à humer le parfum de Luka en espérant qu’il appelle d’autres souvenirs avec lui.

Et les souvenirs sont revenus. Et plus ils revenaient plus les sensations qu’ils provoquaient chez moi me troublaient. Luka qui n’était qu’un médecin que je connaissais à peine quelques jours plus tôt était en train de redevenir pour ma conscience le repère qu’il avait été quand j’étais prisonnière de mon coma. Je me souvenais de sa voix, de certaines de ses confidences. Je me souvenais avoir passé des heures à écouter sa respiration quand il s’était endormi. Je me souvenais du rythme de son pas et du bonheur que c’était quand je comprenais qu’il allait entrer dans ma chambre quelques secondes après. Luka avait eu une importance pour moi que c’en était presque effrayant. Et me retrouvant submergée par ces émotions, ces sentiments et ces souvenirs, je décidais qu’il était temps de confronter Luka et de ne plus lui laisser le choix.

Abby avait été une alliée. Prétextant vouloir organiser une petite surprise à Luka, elle m’avait communiqué ses horaires et j’avais attendu devant la sortie des urgences pendant de longues minutes. J’avais guetté la grande silhouette de Luka jusqu’à ce qu’il se montre enfin. Comme toujours il me saluait avec un sourire mais je ne voulais pas perdre de temps avec les banalités d’usage. « Je sais qui tu es… Je me souviens de toi… J’ai mis le temps, mais je me souviens… J’ai besoin que tu arrêtes de me fuir Luka. » C’était brut. C’était clair. Mais j’avais besoin qu’il accepte de me parler.
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Luka Kovac
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MessageSujet: Re: Le parfum des souvenirs    Le parfum des souvenirs  EmptyLun 04 Avr 2016, 00:01


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Anabella Blake


Luka Kovac


« Chaque blessure laisse une cicatrice, et chaque cicatrice raconte une histoire. Une histoire qui dit : j'ai survécu. »





Je m'étais traité de crétin à mon retour aux urgences quand j'avais réalisé ma gaffe auprès d'Ana. Abby ne comprenait pas vraiment pourquoi mais elle devinait qu'il ne fallait pas trop poser de question, que je n'allais pas être très bavard au sujet d'Anabella. Je ne l'étais déjà pas en temps normal alors au sujet des femmes en règle générale, Abby ne cherchait plus à savoir à ce sujet là. C'était bien l'un des seuls sujets où elle me fichait la paix à présent. La journée s'était passé sans que je n'oublie cette bourde qui allait surement me résulter quelques questions de la part d'Ana si jamais elle y avait prêtée attention. Espérons que non, mais j'en doutais... cela avait paru bien trop évident pour passer inaperçu.

Les jours s'en suivaient et finalement, Ana m'avait rendu visite à l'hopital, m'informant qu'elle avait comme projet de visiter les familles du service coma afin de leur remonter le moral et leur parler de son expérience personnelle. Car il est vrai que c'était surement un regain d'espoir pour eux, même si certains médecins restaient septiques face à l'état végétatif ou comateux et tout les mystères qui entouraient cette malheureuse expérience. Je n'avais parfois pas beaucoup de temps à accorder à Ana, parfois un peu plus mais j'évitais toutes questions par des banalités ou écourtais la discussion quand je me sentais menacé par le lapsus révélateur de notre rencontre. Je ne voulais pas être confronté à une discussion qui m'obligerais à me justifier sur mes confidences faites à l'époque où elle était encore dans le coma. Ca me faisait plaisir cependant de la croiser aussi souvent. Je la voyais en forme et déterminée, c'est tout ce qui comptais pour moi. C'était une femme attachante et pleine de bonne humeur et j'avais entendu des échos comme quoi même si certains n'approuvaient pas sa démarche à 100% à l'hopital, d'autres la trouvait nécessaire pour les familles et très positive.

Ses visites à l'hôpital n'avaient plus le même rythme à présent. Ou peut-être qu'elle ne cherchait plus à me croiser aussi souvent qu'au début, c'était une autre possibilité. Il est vrai qu'avec le travail ce n'était pas toujours évident d'entamer une discussion de plus de 5 minutes au milieu de la cohu du service des urgences de New-York. A chaque fois cela me procurais une pause plutôt agréable malheureusement écourtée par le travail mais je regrettais un peu de ne pas avoir plus de temps à lui consacrer. Elle passait tout de même quand le temps le lui permettait mais ce n'était plus comme au début. Elle me donnait des nouvelles de son travail, de sa petite vie quotidienne et d'ailleurs, il m'avait semblé que ma petite bourde soit passé au oubliettes depuis un petit moment déjà, à mon grand soulagement. Quoi qu'il en soit, je ne me serai pas attendu à la petite « surprise » qu'elle me préparait quelques jours plus tard....


_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Après le service – 7:58 p.m


C'est la fine silhouette d'Anabella que j'apercevais au loin, derrière les portes coulissantes qui s'ouvraient dès mon arrivée au parking des urgences. Un sourire, bien sincère, s'affichait sur mon visage à présent quand je croisais le sien. Je la saluais chaleureusement, me demandant également qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire à cette heure-ci aux urgences. Avait-elle des visites à faire ? Ou m'attendait-elle personnellement ? J'allais vite le savoir :

Comment vas-tu Ana ?
- demandais-je en fixant ses beaux yeux bleus brillant à la lumière du lampadaire avoisinant :

Je sais qui tu es… Je me souviens de toi… J’ai mis le temps, mais je me souviens… J’ai besoin que tu arrêtes de me fuir Luka.

Mon visage s'était fermé, instinctivement, comme une barrière protectrice qui n'allait cependant pas être bien efficace ce soir. Je tentais de reprendre cependant, espérant en faire le moins paraître :


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Ana je ne vois pas de quoi tu veux parler...

Alors que ses mots, sa phrase résonnait dans ma tête comme un écho. Ca y est, elle était là sa question, quand je croyais que depuis des semaines c'était oublié, gagné pour moi, je me prenais enfin la gifle que j'avais tant redouté jusque là :

Ecoute, je ne vois pas ce que tu veux dire par là, je ne peux pas t'aider, je veux juste rentrer chez moi. D'accord ?

Disais-je en tournant les talons, fuyant, comme à mon habitude... sauf que cette fois, j'avais trouvé une petite teigne qui n'allait pas se laisser marcher sur les pieds ni même me laisser partir sans avoir son compte. Je sentais sa main aggriper mon avant bras, me faisant ralentir, puis retourner en sa direction. Et à son regard, je savais que je n'allais pas m'en tirer aussi facilement. J'avais beau avoir presque deux têtes de plus que la jeune femme, rien ne semblait l'impressionner, ni même retirer un peu de sa détermination :

Ana je ne comprends pas ce que tu me veux. Je ne te fuis pas...

Disais-je presque en chuchotant, tout en observant un collègue passer en nous dévisageant comme si nous étions en pleine dispute de couple :

… si jamais je peux t'aider pour quoi que ce soit je le ferai mais là je ne vois vraiment pas de quoi tu veux parler.

Le mensonge. Une grande partie rythmant mon existence. C'était sous celui-ci que je cachais mes plus grandes plaies depuis la tragédie qu'avait laissé la guerre dans ma vie. Je n'avais jamais rien confié à personne, si ce n'est à Ana quand elle était encore dans le coma. Ca avait été une sorte de délivrance dans une période difficile de ma vie. Une période rapproché de l'anniversaire de mon fils, la date de mariage avec ma femme et pour finir, la date de leur mort dans un lapse de temps très court. J'avais été vulnérable, envahis par la surcharge de travail et rester aux côtés d'Ana et lui parler avait finalement été d'une grande aide pour moi, sans qu'elle ne le sache.

Je ne m'étais jamais autant confié à personne depuis leurs morts et je me sentais bien bête, face à Ana, quand je réalisais enfin que des bribes, des détails lui revenaient enfin avec le temps.

Ecoute Ana j'ai pas le temps ni l'envie de parler ce soir.

Finissais-je par écourter la discussion en tournant définitivement les talons pour rentrer chez moi sous ce ciel étoilé qui débutait juste. Définitivement, pas si sûr... je finissais par m'arrêter de nouveau. A vrai dire, je m'en voulais de la laisser en plan au milieu de ce parking. Je me montrais terriblement désagréable, sur la défensive car pris de court. Ma réaction montrait finalement tout l'inverse que ce que je voulais laisser paraître à Ana. Elle savait que je savais. Alors pourquoi pas dire la vérité, pour une fois ? … à méditer...

Hey... - lui adressais-je de nouveau - … je fais un excellent café... ou du thé, je me débrouille pas mal aussi... Tu viens ?





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Anabella L. Blake
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MessageSujet: Re: Le parfum des souvenirs    Le parfum des souvenirs  EmptyLun 04 Avr 2016, 00:38


Je m’étais attendue à ce que Luka se renferme et qu’il nie en bloc ce dont j’étais en train de parler. Je me demandais seulement s’il croirait en la possibilité que je puisse avoir eu conscience de mon environnement et que je puisse m’en souvenir. Mes propos à mon réveil avaient fait un peu de bruit, opposant dans mon groupe de médecins ceux qui parlaient de souvenirs inventés et ceux qui me croyaient. Je fronçais les sourcils, contrariée qu’il puisse faire comme s’il ne comprenait pas.

« Tu sais très bien de quoi je veux parler. »

De toutes ces semaines où il était venu me voir, des heures passée à l’écouter me parler ou respirer. De cette envie de me battre que j’avais retrouvée de me battre grâce a lui. Clay m’avait quittée il n’avait pas pu m’attendre mais Luka lui avait encore été là. J’avais essayé de nombreuses fois d’ouvrir les yeux pour pouvoir mettre un visage sur sa voix. Je m’étais attachée à lui, aussi insensé que cela puisse paraître et aujourd’hui, en plus des souvenirs, ce sont des sentiments qui me revenaient en pleine tête. Luka ne pouvait pas me faire ça. Il ne pouvait pas nier.

« Tu peux pas faire comme si de rien n’était Luka. Tu ne peux pas me fuir… »

Il persistait dans sa façon de nier, comme s’il n’avait aucune idée de ce dont je parlais. Mais le ton de sa voix, son regard fuyant, tout montrait qu’il se souvenait de tout ça. Je ne comprenais pas pourquoi je lui faisais peur, pourquoi mes souvenirs l’effrayaient comme ça et je me retrouvais sans voix. Je sentais mon cœur se briser dans ma poitrine. Je m’étais accrochée à lui toutes ces semaines et si je l’avais oublié depuis mon réveil, quand j’avais entendu sa voix dans le café, mon corps s’était souvenu. Parce que mon attachement à lui était réel et fort même si c’était celui d’une fille prisonnière de son corps.

J’étais un peu désespérée de ne pas obtenir de lui le moindre signe qui prouverait que j’étais aussi importante qu’il l’avait été. Je devais avoir l’air d’une dingue à lui courir après comme ça depuis des semaines. Je restais clouée sur le trottoir, le laissant partir cette fois. J’observais sa silhouette s’éloigner et j’entendais son pas dans le couloir de l’hôpital quand il s’en allait et que je me sentais à nouveau seule. Luka me tournait le dos alors qu’il ignorait ce qu’il avait provoqué chez moi.

Et puis il s’était arrêté et mon cœur avait fait de même. Il s’était retourné et j’avais senti toutes les cellules de mon corps vibrer en même temps comme ce jour là au café. J’esquissais un sourire, timide, de peur que trop d’enthousiasme le fasse changer d’avis et je faisais un pas vers lui. « Je préfère le thé… » Je finissais par le rejoindre et ajustant mon pas sur le sien, je le suivais jusqu’à sa voiture.

Le temps du trajet, je lui lançais des regards le plus discrètement possible. C’était idiot, je l’avais déjà vu plusieurs fois depuis le café mais cette fois je le regardais autrement. Je mettais un visage sur une voix qui avait été là. Je l’avais regardé comme on regarde un inconnu qu’on apprend à connaître. Cette fois je mettais un visage sur un être auquel je m’étais attaché et je n’étais pas du tout déçue. J’étais plutôt silencieuse à présent, attendant surement que l’on se retrouve chez lui, tranquilles pour discuter.

Je découvrais le loft de Luka quelques minutes plus tard. Je ne voulais pas me montrer trop curieuse mais mon regard balayait quand même l’intérieur avec intérêt. J’avais quitté mon foulard et ma veste avant de m’installer sur un des hauts tabourets qui bordait le plan de travail. Luka préparait nos boissons chaudes et à part avoir échangé quelques banalités, je n’avais pas dit grand-chose. Après l’avoir remercié pour la tasse de thé et regardé l’eau se teinter progressivement, j’avais relevé les yeux vers Luka pour entrer dans le vif du sujet. « Pourquoi tu ne m’as pas dit qui tu étais au café ? J’ai découvert que tu t’étais occupé de moi aux urgences et que tu étais venu me voir après. Maintenant que je me souviens, je me demande comment j’ai pu oublier tes visites… » C’était peut être déjà trop de lui dire les choses comme ça, mais si ça ne tenait qu’à moi je serai surement en train de lui faire une déclaration. Sauf que Luka n’avait pas le même vécu que moi et que je ne voulais pas l’effrayer encore plus.
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Luka Kovac
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MessageSujet: Re: Le parfum des souvenirs    Le parfum des souvenirs  EmptyLun 04 Avr 2016, 23:11


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Anabella Blake


Luka Kovac


« Chaque blessure laisse une cicatrice, et chaque cicatrice raconte une histoire. Une histoire qui dit : j'ai survécu. »





Je préfère le thé...

Me glissait la jeune femme, les yeux pétillants à cause du petit vent frais venant combler cette nuit nuageuse. Je remontais le col de mon blouson et marchais à ses côtés jusqu'à la voiture garée non loin de là. Par ces temps-ci je n'aimais pas trop prendre le métro. Marcher dans la neige, ou au contraire sous un soleil de plomb n'était pas quelque chose qui me dérangeait mais sous la pluie, ce n'était pas ce que j'appréciais non plus. Et le temps indécit de New-York ne me plaisait pas plus que ça ces derniers jours. J'avais donc opté pour sortir un peu ma voiture, me donnant bonne conscience surtout et de me dire que je n'ai pas fait un achat presque « inutile » pour moi. On rejoignait, plutôt dans le silence, mon appartement à quelques kilomètres de là avant que je ne l'invite à rentrer dans mon petit cocon absolument pas rangé :

Ne fais pas attention au désordre s'il te plait.

Je n'en avais pas trop le temps mais surtout, pas l'envie dès que j'avais un jour de repos pour souffler. J'ai de toute façon toujours été quelqu'un de désordonné dans la vie et ce, depuis gosse. La vie de célibataire n'arrangeant rien, j'avais un peu honte de montrer le loft à Ana dans cet état là mais c'était peut-être moins pire que ce que j'aurais cru avant d'arriver. Je l'avais donc débarrassée de ses affaires avant de l'inviter à s'asseoir au comptoir sur l'un des tabourets présents. Nous avions discuté un peu de banalité, mais le silence s'était montré roi plus qu'autre chose. Je m'attelais naturellement à la préparation de nos boissons chaudes afin de nous réchauffer de cet air parfois encore un peu hivernal de New-York. Et c'est une fois nos boissons respectives entre nos mains, un bref silence, qu'Ana reprenait naturellement notre conversation qui avait débuté sur le parking des urgences :

Pourquoi tu ne m’as pas dit qui tu étais au café ? J’ai découvert que tu t’étais occupé de moi aux urgences et que tu étais venu me voir après. Maintenant que je me souviens, je me demande comment j’ai pu oublier tes visites…

Je me suis occupé de toi... à ton arrivée aux urgences ce jour là. C'est vrai. - commençais-je, accoudé au bar face à elle en patientant le temps que mon chocolat chaud tiédisse un peu avant d'en boire une première gorgée :

Je n'ai plus eu de tes nouvelles puisque tu as été transférée dans un autre service alors c'est quelques jours plus tard que j'ai décidé de te chercher pour savoir l'évolution de ton état. Je tenais à savoir comment tu allais. Par principe. Je t'ai trouvé au service d'éveil de l'hôpital alors que tu revenais à peine du service de Neurochir'. Je crois que j'ai continué à venir te voir car au début de ton coma il y avait encore beaucoup d'espoir, et de chances que tu en sorte rapidement. Alors je suis venu, aussi souvent que je le pouvais. Peut-être pour te voir te réveiller et t'expliquer en détail ce qui s'était passé et comment nous t'avions prit en charge. Parfois je ne restais que quelques minutes, parfois plus. Et j'ai espéré pour toi. Parce que tu étais probablement la seule du service pour qui on y croyait vraiment, même si on le doit pour chaque patient...

Mon breuvage avait un grand intérêt pour mon regard qui ne le quittait guère, alors que mes mains entouraient la tasse. Je m'en voulais un peu de ne pas avoir été plus franc avec elle, mais l'idée qu'elle ait finalement entendu quoi que ce soit lors de mes visites m'effrayait quelque peu :

Ce n'était pas déontologique ni professionnel. Je n'aurais pas dû continuer à venir te voir régulièrement. J'ai préféré ne rien te dire quand nous étions au café parce que... je pense que pour une fois je n'aurais pas sû trouver les mots pour te réconforter après tout ce qui s'était passé durant ton coma. Et quand j'ai vu que tu avais retrouvé la forme et que tu avais l'air bien, je n'ai pas trouvé l'intérêt de t'annoncer que j'avais été ton médecin de départ.

Reprenais-je d'un air grave, fermé. Je n'allais pas lui en dire plus. Lui dire qu'au final je m'étais attaché à elle au fil du temps, que mon espoir avait été si grand que chaque jour je pensais à son rétablissement. Qu'elle avait fini par être une sorte de thérapie pour moi lors d'une période difficile de ma vie refaisant surface chaque année. Et que j'avais espéré qu'à chacune de mes visites elle ouvre enfin les yeux. J'aurais aimé dire à son ex compagnon la chance qu'il pouvait avoir d'être avec une femme comme elle. Car même si je ne la connais que peu, je savais que c'était une personne comme il était rare d'en croiser. Une personne bien. Car ses visites à l'hopital comme bénévolat pour les familles des victimes répandait l'espoir et la confiance, car sa détermination avait été prométeuse et victorieuse dans son combat. Au final, j'avais finis par m'attacher à une patiente alors que c'était bani du code de déontologie que je m'étais promi de respecter. Je le savais. Je reconnaissais mon erreur. Celle de m'être attaché à la jeune femme juste face à moi, alors que ses yeux d'un bleu océanique me fixèrent depuis de longs instants.

Ana... ? – reprenais-je d'une voix plus douce, relevant les yeux en sa direction de nouveau – J'ai besoin de savoir... qu'as-tu ressentis, durant tout ce temps... ces longs mois... est-ce que tu te rendait compte de ce qui t'entourait ?


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Anabella L. Blake
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MessageSujet: Re: Le parfum des souvenirs    Le parfum des souvenirs  EmptyMar 05 Avr 2016, 01:13


Je ne m’attendais pas à ce que Luka se montre aussi bavard. Respectant sa parole, je restais silencieuse, réchauffant mes mains autour de la tasse de thé. Mon regard détaillait le visage du médecin qui me regardait à peine pendant son récit.
Luka faisait parti de ces médecins qui m’avaient sauvé la vie. L’accident avait été violent, et c’était un miracle d’en être sortie vivante. Je me souvenais du passage de l’oiseau que je cherchais et le conducteur en face qui avait quitté son côté de la route pour me percuter de plein fouet. Je n’avais rien pu faire pour éviter l’impact. J’avais rapidement perdu connaissance et n’avait jamais vu le visage de ceux qui s’étaient efforcé de me garder en vie.

J’étais déçue qu’il ait décidé de venir me voir par principe. Mais j’imaginais quoi ? Qu’il  y avait quelque chose qui l’avait poussé à venir me voir, alors que je n’étais qu’une patiente passée entre ses mains ? Au final, sa présence s’expliquait par une envie de s’assurer que j’allais mieux. Pour pouvoir m’expliquer ce qui m’arrivait. Des raisons purement professionnelles au fond mais pourtant j’étais persuadée que si ça avait été vrai au début, ses visites régulières étaient motivées par autre chose. J’avais envie de croire que malgré le coma, malgré mon côté « belle au bois dormant », il y avait eu quelque chose d’autre. Mais pourtant Luka restait en surface. Il s’englobait même dans un « on » qui devait désigner ses confrères médecins qui s’occupaient de mon cas.

J’avais envie de lui demander si ce n’était vraiment que son envie de s’assurer que mon cas s’arrangerait qui l’avait fait venir à chaque fois. J’aurais voulu lui demander s’il n’y avait pas autre chose mais je me retenais de me ridiculiser en montrant ouvertement que j’espérais autre chose. Je devais garder en tête que mon ressenti était surement différent du sien. Je n’étais qu’une patiente, peut être un peu spéciale, mais pas de la même façon qu’il était devenu spécial pour moi.

Je ne savais même pas quoi dire alors qu’il avait terminé de parler. J’avalais une gorgée de thé pour gagner un peu de temps mais au final les mots restaient coincés au fond de ma gorge. Je me contentais de fixer Luka du regard, de détailler chaque trait de son visage avant de retrouver ses jolies prunelles. Il existait forcément ce lien entre nous, ça ne pouvait pas être que mon cœur qui m’aveuglait.

Mais la question de Luka me permettait de remettre un peu d’ordre dans mes idées et de retrouver la parole. J’avalais une nouvelle gorgée de thé pour me donner un peu de courage et cherchait par où commencer.

« Quand je me suis réveillée, c’était comme ouvrir les yeux après un long sommeil sans rêve… Et puis il y a eu des petits détails, des sons qui m’ont rappelé des souvenirs et j’ai réalisé que ces souvenirs ne pouvaient dater que du moment où j’étais dans le coma. » Je jaugeais du regard la réaction du Luka. Il y avait les sceptiques, les croyants et ceux qui balayaient mon expérience d’un revers de main. « Il y avait des moments où j’étais consciente de ce qui se passait autour de moi. La femme de ménage et sa radio, les médecins, ma famille qui me rendait visite… Au début, j’ai cru les médecins quand certains disaient que mon cerveau se fabriquait des souvenirs à partir de ce que j’entendais depuis mon réveil. Mais quand j’ai pu ressortir à mon frère des choses qu’il m’avait dit pendant mon absence, j’ai su que c’était réel. » Je baissais les yeux sur ma tasse de thé. « Et puis personne n’a eu besoin de m’expliquer pourquoi mon fiancé n’était toujours pas venu me voir depuis mon réveil. Je me suis souvenue de sa visite, de sa façon de me demander pardon de ne pas pouvoir m’attendre… Je l’ai entendu me quitter et je me sentais tellement coincée. J’ai essayé des dizaines de fois de bouger, de me réveiller… Mais je n’ai jamais rien pu faire… » Je ne voulais pas de la pitié de Luka. Ce passage me faisait mal mais je ne voulais plus penser à Clay. Je voulais tourner la page. « Il y a des jours où je me demandais combien de temps ça durerait… Si je ne voulais pas qu’on me laisse partir plutôt que d’être coincée dans cet état. Et d’autres jours où je me disais que si je n’étais pas totalement coupée du monde autour, c’est qu’il y avait un espoir. Tous les jours j’essayais de bouger, ou d’ouvrir les yeux. A un moment, j’ai compris que mon rythme cardiaque s’agitait quand je ressentais de fortes émotions mais je n’arrivais pas vraiment à le contrôler… Bref, j’ai juste passé mon temps à observer le monde autour de moi… Enfin observer. L’entendre surtout… »

Je me taisais l’espace de longues secondes et reprenait. « Quand tu étais au café, juste devant moi, au moment où tu as parlé pour passer ta commande, j’ai ressenti quelque chose d’indescriptible. Comme si mon inconscient te reconnaissait mais que j’étais incapable d’associer un visage, une identité à ta voix. » Et puisque je devais déjà avoir l’air complètement dingue, j’achevais de m’enfoncer en avouant mon méfait. « J’ai fais exprès de renverser ton café, pour pouvoir te parler. Tu n’as pas eu l’air de me reconnaître mais c’était tellement fort que j’avais besoin de te parler, de comprendre pourquoi ça me perturbait autant. Pourquoi tout en moi me disait que je te connaissais alors que je n’avais aucune idée de qui tu étais… Et quand tu as quitté le café en m’appelant Anabella, j’ai compris que quelque chose clochait. Je me suis repassé toute notre conversation et j’ai réalisé que pour connaître mon prénom, tu devais forcément me connaître d’avant. »

Je lui racontais alors mon enquête et comment Mina m’avait parlé de lui et de ma quête pour me souvenir de lui. « Je ne me souvenais toujours pas de toi après les confidences de Mina. J’ai même essayé de retourner dans ma chambre, pour avoir un déclic. » Je n’osais même plus le regarder, des fois qu’il me dévisage comme une folle bonne à enfermer. « Et puis j’ai reconnu ton parfum dans un magasin. Depuis mon coma, mon odorat et mon ouïe se sont affinés. Et j’ai commencé à me souvenir de toi… »

J’aurais aimé continuer, lui dire que le cœur brisé, ses visites avaient réussi à rendre la peine moins lourde jusqu’à recoller les morceaux. Que je m’étais attachée à lui, que je l’avais guetté.  Que sa respiration apaisée quand il faisait une sieste à mes côtés était le plus joli son que j’ai entendu pendant tout ce temps. Que son accent m’avait plus tout comme ses petites fautes quand il confondait les mots. Que j’avais rêvé d’ouvrir les yeux pour pouvoir l’observer sans dire un mot mais que j’avais du me contenter de l’entendre en espérant un jour le regarder. Mais c’était déjà compliqué d’avoir obtenu une véritable discussion avec lui, je me voyais mal lui dire que j’étais tombée amoureuse de lui dans le coma. C’était un coup à le voir se sauver de son propre appartement en me laissant en plan. « Je sais que ça a l’air difficile à croire... Je voudrais te prouver que je ne suis pas une folle et que tout ça est réel… » Peut-être qu’il avait besoin de preuve, que je n’étais pas en train de lui faire gober une histoire à dormir debout. Je cherchais quelque chose à lui dire, un peu comme je l’avais fais avec mon frère. Je ne voulais pas lui parler de sa famille, c’était trop personnel, trop douloureux. Alors je cherchais quelque chose d’un peu plus anecdotique bien que personnel. Quelque chose que lui seul aurait pu me dire.  « Tu m’as parlé de ton père un jour… De ses tableaux… Il vit toujours en Croatie d’ailleurs. » Et je lui lançais un regard qui le suppliait près de me croire. Mais ce que je venais de lui dire, je ne pouvais pas le savoir à moins de l’avoir entendu me parler quand j’étais prisonnière de mon cocon.
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